LES KHALIFES DE SERIGNE TOUBA

Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké le premier khalife (1927-1945)

Serigne Mouhamadou Moustapha a vu le jour en 1888 à Darou Salam, d’une mère elle-même issue d’une grande famille d’érudits, Sokhna Aminata Lô. La première occasion que Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké eut de montrer qu’il était à la hauteur des espérances de son vénéré père, ce fut en 1927, lorsque le Cheikh disparut. La rapidité et la pertinence de sa réaction, le sang froid, la discrétion et le courage avec lesquels il fit transférer l’illustre corps à Touba, dans le contexte très coercitif de la période coloniale, forcent encore l’admiration. La plus grande réussite à mettre à l’actif de Cheikh Mouhamadou Moustapha est, sans conteste, la construction de la Grande Mosquée de Touba.
Le premier Khalif de Khadimoul Rassoul a quitté ce bas monde le 13 Juillet 1945, alors que l’édifice avait déjà pris forme : les fondations en étaient achevées et les murs avaient atteint la hauteur d’une terrasse.

Serigne Fallou Mbacké, le second khalife (1945-1968)

Cheikh Mohamed Fadel Mbacké ou Serigne Fallou vit le jour dans la vingt-septième nuit du mois lunaire de Rajab. (ndeyi koor, dans le calendrier local). C’était en 1888 à Darou Salam. C’est la date anniversaire du voyage nocturne du Prophète (en compagnie de l’Ange Gabriel), dont il ramena le rituel des cinq prières, si fondamental en Islam.
Le Magal du Kazu Rajab, qui marque son anniversaire, est un événement très connu, où se pressent des centaines de milliers de fervents talibés. Le pèlerinage qu’il accomplit à La Mecque fut d’une telle réussite qu’il eut beaucoup de peine à rentrer à Touba.
En 1945, Serigne Fallou, devenu second khalif, plongea corps et âme dans la poursuite des travaux de la Grande Mosquée. Il eut l’insigne bonheur, le 7 Juin 1963, d’en procéder à l’inauguration et d’y diriger la première prière. Son khalifat est encore évoqué de nos jours comme une période particulièrement faste pour le pays. Serigne Fallou «Galass» a disparu en 1968.

Serigne Abdoul Ahad Mbacké, le troisième khalife (1968-1989)

Quand, en 1914, naquit à Diourbel Cheikh Abdoul Ahad, celui qui allait devenir le troisième Khalif Général des Mourides, Cheikh Ahmadou Bamba, prenant à témoin ses plus proches disciples, déclara : «Priez pour lui afin qu’Allah lui accorde longue vie car, en lui, je place un espoir immense». Nous ne sommes donc pas surpris que Baye Lahat, comme l’a respectueusement surnommé la communauté mouride, ait laissé dans le cœur des mourides, sa renommée, sa popularité, son franc-parler, sa parfaite maîtrise du Saint Coran et son charisme, que rien n’a entamés, étaient à la mesure des espoirs de son illustre père et maître, Cheikh Ahmadou Bamba.
A sa disparition, le 19 juin 1989, il a laissé une cité en plein essor et une communauté résolument soudée, mobilisée autour du culte de l’Unique. L’œuvre et l’enseignement de Serigne Touba, désormais vulgarisés aux quatre coins du monde, illuminent pour les fidèles le chemin de l’agrément du Seigneur.

Serigne Abdou Khadre Mbacké, le quatrième khalife (1989-1990)

Cheikh Abdoul Khadre Mbacké est né le troisième jour d’Achoura de l’année 1914 à Ndame. Pour sa formation islamique il sera confié à Serigne Ndame Abdourahmane Lô et à son oncle Serigne Mbacké Bousso à Guédé. Sa vie a été marquée par l’imamat de la Grande Mosquée de Touba. Cheikh Abdoul Ahad Mbacké avait fait de lui l’Imam de Mosquée, dirigeant les prières de vendredi et d’aïds, à partir de 1968. Comme ses prédécesseurs, Cheikh Abdoul Khadre a fondé les villages de Bagdad et de Boustane, où il comptait douze Daaras.
En 1976, Cheikh Abdou Khadre accomplit le pèlerinage aux lieux saint de l’Islam. D’un abord facile et d’un ascétisme poussé, «Borom Bagdad» fera un bref passage à la tête de la voie mouride. Il s’éteint en effet à Touba, après 11 mois seulement de magistère, le vendredi 18 mai 1990. Il repose à l’est de la Grande Mosquée Touba, non loin du mausolée de Serigne Mourtadha Mbacké, autre fils du fondateur du Mouridisme.

Serigne Saliou Mbacké, le cinquième Khalife (1990-2007)

Fils de Sokhna Faty Diakhaté, Cheikh Saliou Mbacké est né à Diourbel en 1915. Son initiation aux sciences religieuses s’est faite auprès de son oncle Serigne Amsatou Diakhaté. Cheikh Ahmadou Bamba a donc eu la «main heureuse» en donnant à ce fils qui allait devenir le cinquième Khalif de sa communauté, le nom de Saliou. Nom prédestiné, s’il en est, Saliou qui signifie «la Vertu» colle admirablement bien à notre guide.
Dès son accession aux fonctions de Khalif en 1990, Serigne Saliou a tout de suite donné le ton en précisant, de façon claire et indubitable, la ligne qu’il entendait imprimer à son action à la tête de la Communauté mouride. En effet, dans son mémorable discours inaugural, il a d’emblée indiqué que, hormis l’Islam et par conséquent la gestion de l’héritage de Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba, rien ne saurait retenir son attention, encore moins susciter de sa part commentaires ou directives quelconques. Il quitta la vie terrestre le 28 décembre 2007 à Touba, laissant derrière lui toute une communauté orpheline.

Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké, le sixième Khalife,

Premier du magistère des petits-fils (2007-2010)

Appelé affectueusement El Hadji Bara, le 6e khalif de Serigne Touba, né en 1925, est l’homonyme de Serigne Mouhamadou Lamine Bara, fils de Cheikh Ahmadou Bamba et de Sokhna Aminata Lô. Il est venu au monde pendant que son homonyme était en visite chez son père, Serigne Fallou Mbacké. Celui-ci le confia très tôt à son homonyme qui lui inculqua une éducation religieuse de qualité. C’est d’ailleurs sous sa férule qu’il mémorisa le Coran qu’il apprit, par la même, occasion à calligraphier. A la même source il s’abreuva amplement de solides connaissances en sciences religieuses. Après de longues années passées aux côtés de ce dernier, il retourna auprès de son père pour continuer sa formation spirituelle. Serigne Mouhamadou Lamine Bara, un homme de son temps, affable et courtois, a été le sixième khalif général des mourides, à la disparition de Serigne Saliou Mbacké, le 28 décembre 2007. Il a quitté ce bas monde au mois de juillet 2010 après deux (2) ans et six (6) mois seulement passés au Khalifat, le successeur de Serigne Saliou Mbacké a su sauvegarder le legs de ses prédécesseurs.

Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, le septième Khalife (2010-2018)

Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, communément appelé Serigne Cheikh Maty Lèye (du nom de sa vénérée mère), est né en 1924 à Mbacké Kadior, village ou Serigne Bara avait l’habitude de se retirer pour apprendre le coran et pratiquer les préceptes de l’islam. Il a subi une formation complète sur le mysticisme. Au niveau de la famille de Serigne Bara il a entamé son khalifat le 22 mai 1990, succédant a son grand frère Serigne Abdoul Aziz Bara Mbacké qui n’avait ménagé aucun effet pour conserver l’héritage de Serigne
Modou Bara, premier khalif de Serigne Bara, de 1936 à 1952. Il a complètement rénové le mausolée de Serigne Bara.
Depuis 2003, il amène plusieurs personnes effectuer le pèlerinage à la Mecque, et c’est lui qui les prend totalement en charge du début à la fin. Il est devenu Khalif Général des Mourides au mois de juillet 2010.  Sobre, austère et détaché des choses de la vie, depuis son arrivée à la tête de la confrérie, il s’est donné pour mission d’élargir la Mosquée de Touba, tout autant qu’il s’investi amplement dans la construction de la Mosquée «Massalikoul Jinan» de Dakar.

Ses rapports étroits avec toutes les familles religieuses, particulièrement celle de Seydi El Hadj Malick Sy de Tivaouane, contribuent à consolider les liens entre tous les musulmans du Sénégal, en un mot, entre tous les croyants.
Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké quitta ce bas monde, Le 10 janvier 2018, laissant la umma
islamique orpheline.

SERIGNE MOUNTAKHA MBACKE
KHALIFE GÉNÉRAL DES MOURIDES

LE GARDIEN DU LEGS

Il est le Khalife Général des Mourides. Homme de Dieu, régulateur social, pacificateur hors pair, il ne se prononce que dans des circonstances où Dieu, son Prophète Mohamed (PSL), Khadimou Rassoul, son
grand-père et le Sénégal sont évoqués. Sa particularité est d’être un symbole absolu de pureté, de générosité, d’humanisme et de grâce. Un symbole de spiritualité, un don de Dieu.

Le blanc est en lui, dans son faciès illuminé comme dans sa tenue vestimentaire, un signe, un symbole de pureté qui rend compte de l’alchimie de la lumière qui habite les hommes de Dieu.
Avec cette forte personnalité religieuse, le Message de Dieu, de son Prophète et de Cheikh Ahmadou Bamba se transforme en ornement immaculé. «Dieu est la Lumière des cieux et de la terre», enseigne le Coran (Sourate XXIV, verset 35), verset légitimant parfaitement son option pour ce qui rend à la pureté et à la lumière. Cette pureté et cette lumière se manifestent dans son sourire spontané, rendu plus éclatant par ses cheveux, sa barbe et ses paupières totalement blancs, voire merveilleusement argentés. Il est généreux et ouvert et, est d’une accessibilité qui rassure et galvanise. Sa générosité légendaire est une sorte de justice intérieure qui rend compte de l’effectivité de la solidarité des hommes de foi comme lui, c’est-à-dire de ceux qui savent vaincre très tôt en eux l’égoïsme et l’avarice.

Peu expansif, sa voix ne se fait entendre que pour rappeler la foi en Dieu et la force de l’enseignement de Cheikh Ahmadou Bamba. Le blanc qui le rend spécifique nourrit en lui un charisme hypnotisant. Serigne Mountakha Mbacké est le fils de Serigne Bassirou Mbacké et de Sokhna Bineta Diakhaté. Après sa formation islamique de base, son éducation spirituelle va être assurée par son père Serigne Bassirou Mbacké, qui l’avait aussi reçue de son vénéré père Cheikh Ahmadou Bamba.

Frère cadet du regretté Serigne Moustapha Bassirou, aîné du défunt Serigne Abdou Akim et du diplomate Serigne Issakha Mbacké, le Khalife Général des Mourides Serigne Mountakha Mbacké, est tout simplement un soufi d’une dimension exceptionnelle. Sokhna Fatou Kiné Mbacké est sa sœur de même père et de même mère. Ce n’est point un hasard s’il a présidé les prières mortuaires de tout membre de la famille de Serigne Bamba rappelé à Dieu comme ce fut le cas avec Serigne Mourtada et Serigne Saliou Mbacké. Le Khalife Général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké est, en fait, un modèle de guide religieux qui se
particularise par une foi absolue en Dieu et une soumission totale à sa volonté. Sa sagesse est directement inspirée par une vision centrale de l’Islam et de tout ce qui cerne et concerne l’enseignement de Cheikh Ahmadou Bamba. C’est certainement le secret de sa forte personnalité et de ce charisme qui brille dans son regard qui hypnotise ceux qui relèvent de son obédience. Que Dieu lui prête encore longue vie à la tête de la communauté mouride, au service de Dieu, du Prophète Mouhamed (PSL) et de Serigne Touba son vénéré
grand-père.

                  Abdoulaye Fofana SECK