Santé mentale : ce que préconise le président de l’ASSAMM

Le président de l’Association sénégalaise pour le suivi et l’assistance aux malades mentaux (ASSAMM), Ansoumana Dione, préconise une intégration des soins de santé mentale dans le système sanitaire, en dotant ainsi les structures sanitaires de services dédiés à la psychiatrie.
”En ce 21e siècle, comment pouvons-nous comprendre que des malades mentaux quittent partout au Sénégal pour aller se faire soigner à Dakar. Malgré un personnel très engagé et dévoué, ces structures sont largement dépassées et n’arrivent pas à satisfaire tout le monde’’, a d’abord fait constater Dione.
Ansoumana Dione qui s’est illustré dans la défense des malades mentaux au Sénégal juge ‘’inadmissible qu’une structure de santé accepte toute sorte de malade, tout en refusant l’accès à un malade mental’’. ‘’Ceci doit appartenir au passé’’, a-t-il martelé.
Dans un entretien avec l’APS, il estime que le changement de paradigme dont il prône dans la prise en charge des déficients mentaux, doit faire ”disparaitre le terme hôpital psychiatrique”.
Dans cette perspective, ajoute-t-il, ‘’même au sein de l’hôpital psychiatrique de Thiaroye, on doit pouvoir ouvrir d’autres services comme la pédiatrie, la médecine générale, la santé bucco-dentaire, comme on le voit à l’hôpital de Fann et à l’hôpital Principal’’.
Le déficit de services d’accueil dans les différentes structures sanitaires fait que, très souvent, ‘’les familles se dirigent vers les guérisseurs traditionnels où elles perdent beaucoup d’argent sans obtenir les résultats escomptés’’, a-t-il relevé.
”C’est au dernier moment, poursuit-il, que les parents arrivent dans les centres psychiatriques comme le Centre national hospitalier psychiatrique de Thiaroye, la clinique Moussa Diop à l’hôpital de Fann, entre autres’’.
”Notre pays ne s’occupe pas de ces personnes vulnérables atteintes de maladies mentales’’, a insisté Ansoumana Dione, déplorant également ‘’la cherté de la prise en charge et les médicaments’’.
Selon le président de l’ASSAMM, ‘’cette couche vulnérable vit un calvaire indescriptible aussi bien au sein des familles que dans la plupart des quelques rares structures publiques existantes’’.
‘’Notre pays a toujours laissé en rade cette frange de notre population qui constitue pourtant un danger pour la sécurité publique. Dans les quelques rares établissements publics de santé abritant un service psychiatrique, il est extrêmement difficile d’y trouver de la place. Car, la demande est très largement supérieure à l’offre’’, a-t-il souligné.
”La stigmatisation, l’exclusion au sein des familles, faute de compréhension par rapport aux attitudes à adopter devant une personne atteinte de maladie mentale, poussent certains malades mentaux à se suicider’’, selon Ansoumana Dione.
Il reconnait par ailleurs qu’il ‘’n’est jamais facile de vivre avec un malade mental, surtout lorsqu’il est agressif. En fin de compte, le malade mental préfère quitter le milieu familial (…) et c’est comme ça qu’il rejoint la rue, souvent, très loin de ses parents’’.
Il admet également, que les structures dédiées font des ‘’résultats très satisfaisants en termes de guérison’’. Le problème, selon lui, se trouve au niveau des nombreux malades mentaux qui, faute de place dans les structures dédiées, ‘’suivent le traitement à domicile et n’arrivent pas à le respecter correctement’’.