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Et si Macky Sall nous surprenait?

Parce que tous les actes qu’il a posés depuis un an sont d’une translucidité écarlate, tout converge vers une candidature certaine du Président Macky Sall à l’élection présidentielle du 25 février 2024.

Rares sont les observateurs qui ont su, à travers cette trop criarde certitude, déceler le jeu favori du Maître AbdoulayeWade, que tous ses héritiers manient à merveille, parmi les mille et une facettes de l’ADN politique qu’il leur a tous transmis : «Signaler à gauche et tourner à droite».

Dribler et feinter tout son monde, cacher son vrai jeu pour abattre la carte majeure in limine litis, et sous l’effet de la surprise emporter la mise, est un art consommé dont Macky Sall use à merveille pour se sortir des situations les plus critiques.
Il ne serait guère objectif de nier que le Président Macky Sall se trouve dans une situation pour le moins inconfortable pour ne pas dire embarrassante, à un tournant décisif de sa si longue et féconde vie politique.

Achevant de consommer son deuxième mandat, quoique puissent en penser les tenants de la légitimité d’une candidature à un «deuxième quinquennat», Il se trouve seul et unique détenteur, après Dieu, des clés de son destin. Adossé à la certitude que juridiquement la question de sa candidature est une affaire dépassée (entendons positivement réglée à son profit), le Président Macky Sall peut s’adosser à un chapelet de belles ralisations infratsructurelles qui ont noms: autoroutes Dakar-Diamniadio, Dakar-Touba, Mbour –Kaolack (en chantier), les ponts décisifs pour assurer la continuité territoriale de Farafégni et de Foundiougne, les nombreuses routes et pistes de production , oeuvres du PUDC, les ouvrages d’art multiples qui essaiment dans l’agglomération dakaroise dont les échangeurs de Camberène et de Keur Massar, le Train Express Regional (TER) , le Bus Rapi Transit (BRT) (en chantier), le stade de standard international Abdoulaye Wade, trônant majestueusement à côté du Dakar Arena, son pendant pour le basketball, tous complétant le décor moderne de la nouvelle ville de Diamniadio, les Universités Iba Der Thiam, Elhadji Ibrahima Niass, Assane Seck, Alioune Diop et Amadou Mactar Mbow qui ont multiplié et diversifié les offres de formation supérieure d’excellente qualité, la liste est loin d’être exhaustive.

S’ajoutent à ces belles réalisations, l’achèvement des procédures et le démarrage effectif de l’exploitation des ressources gazières et pétrolières qui placent ainsi le Sénégal dans le lot des pays qui comptent en matière d’énergies fossiles. Au surplus, l’investissement personnel et decisif du Président Macky Sall aura, conjugué à d’autres facteurs, offert au Sénégal des succès répétés , en faisant des Lions de la Téranga les champions d’Afrique de Football, toutes catégories confondues.

Pour ainsi dire, Macky Sall a réalisé de nombreuses infrastructures à mettre à son actif. C’est bien dans le domaine politique et social que se dressent des contrariétés pour le Président Macky Sall et ses alliés. Confronté à une opposition symbolisée par la coalition Yewi Askan wi dont Ousmane Sonko est la tête de file, Macky Sall n’aura pas pu pacifier le champs politique, traversé par des violences récurrentes, suivies d’arrestations massives et de clivages forts, laissant peu de place au dialogue et à la confrontation saine.

L’immixtion des Forces de défense et de sécurité dans le maintien de l’ordre public aura pris, dans un tel climat, des allures dramatiques en Mars 2021 et au même mois en 2023. La preuve est cependant administrée par son histoire et par la dimension des hommes qui la dirigent et la composent, que l’armée sénégalaise, en dépit d’appels du pied de tous bords, entend rester une armée républicaine, neutre dans les débats politiques et responsables devant les interêts supérieurs de la Nation.

En revanche, la justice ne s’en est pas moins trouvée au coeur de ces imbroglios politiques payant le prix d’une part de sa belle réputation d’indépendance et d’équité.

Un tel décor est davantage rendu anxiogène par l’interrogation majeure sur la possible candidature du Président Macky Sall à l’élection présidentielle du 25 Février 2024. Emmuré dans un silence absolu, le Président Macky Sall pose des actes tendant à asseoir la thèse de ses partisans qui l’ont désigné candidat de l’APR au scrutin présidentiel. S’exprimant dans un journal français, c’est à peine s’il n’a pas clairement validé son éligibilité laissant en suspens le dépôt de sa candidature qu’il gage sur son propre choix souverain.

Cependant, les résultats successifs des élections locales puis celles législatives tenues en 2022 ont secoué bien des certitudes sur l’adhésion majoritaire des électeurs à la mouvance présidentielle; l’opposition aura grignoté lors de ces scrutins des parts non négligeables de l’électorat, alors que la jeunesse pour sa part se range pour une large part dans le camp de l’opposition plus précisément du Pastef de Ousmane Sonko.

Les enjeux politiques sénégalais se sont par ailleurs invités dans le domaine diplomatique et de la géopolitique, lorsque le Président français laisse entrevoir une certaine réticence à se ranger derrière les tenants du troisième mandat. Dans un art consommé, la diplomatie française esquisse des approches auprès du leader Ousmane Sonko, proclamant sans ambages l’option de «discuter avec tout le monde».

Le Président Macky Sall qui a blanchi sous le harnais , a su lire les messages et usant des mêmes formes a reçu Marine Le Pen en son palais, fermant les yeux sur son discours raciste et ses projets proprement réactionnaires. L’important était ailleurs: Faire comprendre à la France que chacun peut faire avec l’opposant de l’autre.

Le plus important est pourtant ailleurs, dans cette zone où lucidité, pragmatisme et intelligence politique se concertent pour dicter le meilleur choix face à des interrogations et équations aussi complexes que le destin d’un pays et le jugement de l’histoire. Ces vertus pousseraient Macky Sall à exercer son mandat en toute responsabilité jusqu’à la fin de l’année 2023 et déclarerait qu’il a terminé sa mission historique à la tête de l’Etat du Sénégal.

Il aura donné ainsi corps à son idée forte clairement formulée; «je ne ferais pas mois que mes prédécesseurs», notamment en matière de préservation de l’Etat de droit et de consolidation de la démocratie sénégalaise. Ce faisant Macky Sall aura ajouté une ligne d’or sur les pages du livre de belle histoire du Sénégal à la tête duquel, se sont trouvés des hommes exceptionnels qui ont nom: Léopold Sédar Senghor; Abdou Diouf et Abdoulaye Wade.

Moins que de la fiction, cette hypothèse peu ou rarement formulé, confirmerai sans aucun doute que le Sénégal est une démocratie majeure et Macky Sall, un grand homme d’Etat. Les mois qui viennent trancheront le débat qui agite le lanterneau politique et plonge tous les citoyens sénégalais et les amis du Sénégal dans une forêt de points d’interrogation.

Amadou Lamine THIAM

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