CHEIKH AHMADOU BAMBA

ÉLU DE DIEU, CHANTRE DU PROPHÈTE MOUHAMED

Dans la deuxième moitié du 19ème Siècle, précisément en 1853, alors que des autorités coloniales françaises avaient anéanti toutes les formes de résistance des chefs de provinces locaux au Sénégal, naquit Cheikh Ahmadou Bamba le fondateur du Mouridisme, communément appelé Khadimou Rassoul le serviteur du Prophète Mohamed (PSL).
Son arrière grand-père, Mame Marame, père de Mame Balla Mbacké, fonda dans le Baol vers 1772 un village baptisé Mbacké du nom de sa famille. Mame Balla Mbacké s’installa
dans ce village avec sa famille comme professeur enseignant le Coran. C’est là que naquit Mame Mor Anta Sali, son fils. Il fit ses études avec son père Mame Balla Mbacké avant de les achever auprès d’un éminent marabout nommé Amadou Sall, venant d’une localité
appelée Bamba. Avant de quitter Mbacké définitivement, ce marabout avait demandé à Mame Mor Anta Sali de donner son nom à son deuxième fils. Ce qui fut fait et c’est ce fils de la Sainte Sokhna Mame Diarra Bousso, prénommé Ahmadou Bamba qui, plus tard, devint le fondateur de la confrérie des mourides.

Ce fut à Porokhane, vers 1886 que Cheikh Ahmadou Bamba, encore jeune, fit son apparition sur la scène religieuse et se lia de connaissance avec les Chefs traditionnels de l’époque parmi lesquels le Damel du Cayor, Lat-Dior Ngoné Latyr Diop qui, détrôné, s’était provisoirement retiré au Saloum dans le terroir de Maba Diakhou Ba, père de Saër Mati. Lorsque Lat-Dior fut réinstallé sur le trône, Mame Momar Anta Sali regagna le Cayor avec lui et passa un séjour à Patar avant de s’installer à Mbacké Guet où il fonda un village baptisé Mbacké Cayor. C’est là qu’il mourut vers 1886, alors que sa famille continua à y résider. Lat-Dior avait alors repris la lutte contre les Français. En 1886, il tomba à Dékheulé. Cheikh Ahmadou Bamba quitte alors le Cayor pour s’installer à Mbacké Baol, le village de son ancêtre. Il fonda en 1887 près de Mbacké Baol son propre village, Touba,
devenu aujourd’hui la grande métropole religieuse, sanctuaire du Mouridisme. Armé d’une foi inébranlable en Dieu, en son prophète Mohamed (PSL) et en son Livre Saint le Coran, Cheikh Ahmadou Bamba, considéré comme le sauveur, eut une influence qui dépassa rapidement les frontières du Cayor, du Baol, du Fouta, du Djoloff, du Ndiambour et s’étendit dans la sous-région Ouest-africaine.

Distant de 196 km de Dakar, avec une croissance spectaculaire, la cité sacrée est dévolue à la prière, au recueillement et à la méditation. Touba occupe le rang de deuxième ville du Sénégal par sa population et son dynamisme économique et de première capitale religieuse de ce pays. Cité en plein essor démographique et économique, sa renommée mondiale a dépassé les limites des frontières africaines. Ville religieuse qui ne cesse d’accueillir des visiteurs en quête de grâce et de bénédiction, cité bénie, terre inviolable, loin des tumultes et futilités du bas-monde, la Capitale du Mouridisme a bénéficié des prières de Serigne Bamba et obtenu de Dieu d’être une cité de crainte révérencielle, de savoir, d’élévation, de promotion au rang des honorables (Matlaboul Fawzayni). Une ville qui accorde également des bienfaits incommensurables ici-bas et dans l’Au-delà.

Cependant, ses spécificités et sa sacralité font de Touba un sanctuaire religieux malgré l’import-export assez florissant et les fortunes qui s’épanouissent à l’abri d’épais murs blancs entourant d’imposantes et somptueuses villas. C’est cette ville qui accueille chaque année des millions de fidèles à l’occasion du Magal de Touba. Le Magal dont le thème porte cette année sur « Cheikh Ahmadou Bamba et le Saint Coran ». Un grand moment de ferveur religieuse pour commémorer le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba. Un pèlerinage célébré à la gloire de Dieu, l’Omniscient et l’Omnipotent Allah, le Tout-Miséricordieux.
Pour rappel, le 10 Août 1895, Cheikh Bamba fut arrêté à Diewol par un déplacement de l’armée coloniale française et incarcéré dans la prison de Saint-Louis à la cellule n° 12. Le 5 septembre de la même année, Cheikh Ahmadou Bamba était traduit devant le conseil privé dans le bureau du Gouverneur de l’AOF au cours d’un procès sommaire, ses juges, ceux-là qui sont ses accusateurs, décident de le déporter au Gabon où le Saint Homme restera 7 ans et 7 mois loin des siens. Une véritable épreuve. L’objectif visé par les autorités coloniales était la mort du Cheikh et son éloignement au Gabon devrait entraîner ipso facto l’essoufflement du Mouridisme voire sa disparition.
Peine perdue car le 11 Novembre 1902, Serigne Bamba sera de retour au Sénégal à bord du bateau dénommé Ville de Maceo. Ce retour fut triomphal et son influence ne faisait que croître. Défenseur des valeurs africaines, meilleur gardien de l’orthodoxie musulmane, Serigne Touba a marqué l’Histoire d’une empreinte indélébile. À ce jour, son héritage est
assuré par son 7ème Khalif, Serigne Cheikh Sidy Moctar Mbacké, l’ascète connu pour son érudition, sa grande sagesse et sa piété.
Cheikh Ahmadou Bamba a quitté ce bas monde le 19 Juillet 1927 à Diourbel pour rejoindre son créateur et a été inhumé à Touba qu’il n’a jamais revu de son vivant, même pour une journée, malgré ses requêtes rejetées par les autorités coloniales. Son fils aîné et premier Khalife, Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, a appliqué à la lettre ses directives en portant haut le flambeau d’une renaissance incarnée par le Mouridisme. L’immense héritage de Cheikh Ahmadou Bamba, jalousement conservé, sera successivement légué à sa descendance : Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, Serigne Falilou Mbacké, Serigne
Abdoul Ahad Mbacké, Serigne Abdou Khadr Mbacké, Serigne Saliou Mbacké et le premier des petits-fils, Serigne Bara Falilou Mbacké, prédécesseur de Serigne Cheikh Sidy Moctar Mbacké, un guide religieux austère, vénéré par toute la famille de Serigne Touba Khadimou Rassoul.
Abdoulaye Fofana SECK