Reddition des comptes au Sénégal : près de 300 interpellations et plus de 15 milliards de FCFA récupérés

Promettant que leur objectif n’était pas « de se transformer en prédateurs », trois magistrats ont détaillé jeudi 17 avril l’accélération de la reddition des comptes voulue par le Premier ministre, Ousmane Sonko.
Ils étaient trois procureurs, jeudi, à détailler face à la presse l’accélération des procédures et enquêtes liées à la reddition des comptes promise par les nouvelles autorités. Entre septembre 2024 et avril 2025, ce sont près de 262 personnes – impliquées dans 292 dossiers – qui ont été arrêtées et 15 milliards de FCFA (22,8 millions d’euros) récupérés dans le cadre des investigations menées par le Pool judiciaire financier (PJF), a indiqué le procureur de la juridiction, El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla, nommé en septembre 2024.
Le procureur de Dakar, Ibrahima Ndoye, a de son côté annoncé l’audition entre mercredi et jeudi de 27 autres personnes, dont 26 ont été libérées sous caution et une placée en garde à vue, dans une autre enquête en lien avec la gestion d’un fonds de 1 000 milliards de FCFA (1,5 milliard d’euros) dédié à la riposte contre la pandémie de Covid-19 entre 2020 et 2021, sous la présidence de Macky Sall.
Berlines et titres fonciers
Près de 260 millions de FCFA (396 000 euros) ont également été saisis. Ces 27 personnes sont poursuivies pour « détournement de derniers publics, escroquerie, concussion et corruption », a indiqué le procureur général, Mbacké Fall. Selon ce dernier, cinq anciens ministres sont également impliqués dans cette affaire de fonds Covid-19. Leur cas sera examiné par l’Assemblée nationale, qui se prononcera sur leur éventuelle mise en accusation devant la Haute Cour de justice, seule juridiction habilitée à juger le président de la République et les ministres pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions, a-t-il précisé.
Les enquêtes ouvertes ou transmises au parquet financier ont également permis la saisie de 92 véhicules de diverses marques, de onze titres fonciers entre les régions de Thiès et Mbour et de deux autres titres fonciers qui ont été provisoirement inscrits au nom de l’État du Sénégal, selon El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla.
« La lutte contre la délinquance économique et financière demande du temps et de la détermination car elle implique souvent plusieurs acteurs localisés dans des aires géographiques différentes et qui ont souvent recours à des personnes expertes dans l’art de dissimuler les avoirs criminels, a-t-il ajouté. En dépit de toutes ces difficultés, la lutte pour la sauvegarde des deniers publics sera menée de façon rigoureuse. »
Le procureur Ibrahima Ndoye a de son côté affirmé que l’objectif pour eux n’était pas « de se transformer en prédateurs », assurant que la présomption d’innocence et le droit des mis en cause seront respectés.
Jeune Afrique