Appelé à conduire la bonne marche exigeante de l’Etat, il est balloté par le dilemme cornélien de choisir entre céder aux appels pressants des siens pour postuler à un nouveau bail à la tête de l’Etat, la désignation et le chapeautage d’un successeur désigné voire, à la surprise des uns et des autres, le renoncement à poursuivre sa présence à la tête de l’Etat, au terme de son mandat actuel dans douze mois.

Cette dernière hypothèse ne semble emporter aucune adhésion, alors qu’elle pourrait se présenter, à la faveur d’un choix raisonné et souverain de celui qui « proclame qu’il n’entend pas faire moins que ses prédécesseurs en matière de renforcement de l’Etat démocratique, de droit sénégalais ».

Si rien dans ses actes ne laisse transpirer ce choix, il pourrait découler de la suite des évènements et rapports de force politiques, judiciaires et sociaux qui atteignent un degré d’exacerbation rarement relevé au cours des dernières décennies.

Comme au cours des années 2011-2012, des phénomènes de répétition de scénarii font surgir en toute légitimité, l’information sur un possible bégaiement de l’histoire, qui se répéterait avec quelques nouveaux acteurs venus rejoindre des anciens, des épisodes précédents, pour finir sur une scène finale identique mutatis-mutandis.

Cependant, ce serait mal connaître le Président Macky Sall que de le voir sous les traits madrés d’un chef qui « refuse le combat » et rend les armes sans coup férir, ni en donner. Il n’aura pas vaincu le baobab Abdoulaye Wade et le PDS si c’est ce trait de caractère ne l’habitait. Il n’aura pas réuni autant d’adversaires d’hier et d’aujourd’hui s’il n’était un homme endurant, résiliant, stratège incontestable et solide meneur d’hommes.

Reste que pour 2024, nul « dauphin » n’est visible et toutes les troupes entonnent le même refrain, qui chante « Rien que toi, rien sans toi ». En somme, l’évidence est que pour la présidentielle de 2024, l’unique option est celle du Président Macky Sall.

Exit les prétendants déclarés, cachés ou silencieux, dans son camp. La jurisprudence Mimi Touré rappellera à tout contrevenant qu’il s’agira de se ranger ou de constater le poids du rouleau compresseur du Pouvoir et de puissants moyens sur vous, sans frémissement, ni formalisme.

Il serait cependant naïf de croire que des rangs de la coalition au pouvoir ne surgiraient pas des candidatures. Voire de l’APR même. Plus les semaines et les mois s’approcheront du début de l’année 2024, et avant le prochain hivernage, des ambitions seront affichées, selon que la « théorie de la faiblesse du roi vieillissant et finissant sera confirmée ».

Celle-ci atteste que le dernier mandat présidentiel-ou supposé tel- est marqué, à son dernier terme par des défections, des trahisons, des coups de Jarnac quelques fois meurtriers, le Chef étant supposé plus affaibli, sans horizon et devenu « sans griffes ».

Ayant comme boussole que leurs propres ambitions et leur instinct de survie, nombres « d’amis fidèles », parmi les plus enthousiastes et les plus zélés, abandonnent le navire pour soit prendre le leur, ou embarquer dans celui des nouveaux commandants de bord.

La conscience pour le Président Macky Sall de l’exigence de solder cette question comptera pour beaucoup dans la suite des évènements.

Car, il devient impératif de compter ses amis et d’identifier ses adversaires, lesquels, ne sont pas toujours ceux d’en face, mais parmi les siens propres.

Qui ? That is the question.

Pour autant, et clairement, le deuxième axe stratégique que le Président Macky Sall devra prendre en considération reste l’épineuse question des rapports qu’il entend entretenir avec le PDS, sa « famille originelle ».