Du constat des résultats obtenus et des trophées conquis au cours des deux dernières années, force est de reconnaître que le football sénégalais ne trône point par un fait de hasard sur le peloton de tête du sport roi en Afrique.

L’équipe nationale de football du Sénégal compte en son sein l’un des meilleurs, sinon le meilleur joueur africain de sa génération, Sadio Mané, coachée par un Aliou Cissé touché par la grâce et l’expérience sur la durée, accompagnée sans réserve aucune par l’Etat sénégalais avec à sa tête leur premier supporter, le Président Macky Sall, porté à tout instant et partout par un peuple fidèle et par des supporters infatigables, les lions de la Téranga ont brillé , vaincu et souvent convaincu sur les pelouses des quatre coins du monde.
Dans le même sillage, les lions s’illustrent aussi en petites et moyennes catégories, avec les U19, U20 et U23 qui font à présent partie des derniers carrés des compétitions africaines.
Cerise sur le gâteau, le dernier Chan 2023 qu’a organisé l’Algérie a été l’occasion de consacrer les lions locaux qui ont fait un parcours élogieux de vainqueur, conférant au football local un statut envié de membre du cercle fermé de l’élite footballistique évoluant en terre africaine.

Ces constats incontestables, ces lauriers plus que mérités et cette place privilégiée saluée en terre sénégalaise comme dans les milieux sachants du football mondial ne devraient point être un arbre dense, feuillu, verdoyant qui cache une forêt hostile et grosse de périls mortels ou handicapants.

Le coach Aliou Cissé aura administré la preuve de sa baraka légendaire, de son endurance d’airain, mais aussi de sa fidélité à un groupe, depuis Londres 2012, là où naquit la renaissance des lions puis leur ascension vers les hautes cimes de la performance.
Autour de cette génération soudée et dorée, fonctionnant comme une fratrie à l’africaine, Coach Cissé a pu créer un groupe, insufflé une âme et une mentalité de gagneurs insatiables, en se fixant une discipline rigoureuse et une éthique érigée en code d’honneur.De 2015 à 2022, année du sacre en terre camerounaise, Aliou Cissé aura su transformer ses défaites en leçons, ses victoires en étapes et ses hommes en leaders dans leur domaine.

Au bout de cette belle épopée décennale, les ressorts commencent à grincer, l’usure du temps et la nature du sport dictant la nécessité, alors qu’il est encore légitime, en pleine gloire, il serait bien inspiré de penser à passer le témoin à d’autres jeunes pousses, pour permettre aux relayeurs de finir la course en beauté, toujours en tête de peloton. Autant, en effet, le temps et la durée ont été des facteurs consolidants qui ont cimenté la cohésion d’un groupe, créé des automatismes, généré des solidarités insoupçonnées et subséquemment offert des victoires éclatantes aux lions du football, autant ils ont érodé les remises en cause nécessaires à tout dépassement, relativement tari la soif de vaincre et retenu les irrépressibles tentations à céder aux complexes de supériorité et aux attitudes inhibitrices de la starmania. Ces facteurs bloquants viennent s’ajouter aux inexorables effets physiologiques, psychologiques et biologiques consécutifs au poids des ans.

La génération dorée sénégalaise qui a plané sur le football sénégalais, aujourd’hui plus que trentenaire, amorce à présent la phase déclinante de sa carrière footballistique. Sadio Mané, Idrissa Gana Guèye, Kalidou Koulibaly, Edouard Mendy, colonne vertébrale de l’équipe des lions, pleins d’expérience et de compétence scrutent dans les trois prochaines années, l’horizon de leur fin de carrière sans oublier de préparer leur future reconversion. L’intelligence fine de ce cycle naturel et incontournable de la vie de sportif de très haut niveau appelle sans concession la préparation de la relève et la mise du pied à l’étrier des potentiels détenteurs du témoin qui peuvent avoir noms Ilimane Ndiaye, Papa Matar Sarr, Nicholas Jackson, et pourquoi pas les révélations du CHAN 2023 Pape Mamadou Sy et Lamine Camara entre autres, qui ont illuminé les pelouses algériennes, alors qu’ils sont les produits de la belle école de formation sénégalaise locale.

Reste, que toute planification s’inscrit dans la durée et procède par étapes bien articulées.

A cet égard, sans jeter l’eau du bain avec le bébé, comme disait, au lendemain de la désillusion de Caire 86, le président de la Fédération Sénégalaise de football de l’époque, le doyen Abdoulaye Fofana, ancien Ministre, exercer une réflexion profonde et fine pour établir le schéma de transition avec des acteurs et des animateurs dans un savant dosage, serait de bonne méthode.
L’exercice aura le mérite d’éviter aux lions de la Téranga de quitter les cimes pour tomber dans l’abîme. Ainsi, ils pourront entretenir la constante durabilité d’une présence stable sur le haut du pavé.

Bien naturellement, l’encadrement au sens large du terme s’inscrirait dans la même cohérence, qui ferait passer le témoin par les instances au premier chef desquelles la Fédération sénégalaise de football que dirige depuis plus d’une décennie, Le Président Augustin Senghor. Ce chantier est pressant.Cette problématique est insusceptible d’être niée, encore moins rangée dans le cimetière des projets et vœux pieux.