2024 se donne un horizon à tout le moins invisible et peu propice à décrypter, au regard d’une kyrielle de facteurs indéterminés qui ont noms affaires politico-judiciaires, éligibilités incertaines ou assujetties à des verdicts de procédures judiciaires complexes âprement contestées, front social incandescent sur fond de crises, des formations politiques en leurs seins propres, tout comme dans leurs alliances et stratégies.

Tenant toujours la barre avec une fermeté affichée, le Président Macky Sall se trouve au milieu de ce maelstrom, l’œil rivé sur la ligne de crête de cette échéance décisive, qui, à coup sûr pèsera sur son propre destin, comme sur celui de ce pays qu’il dirige depuis 2012, après avoir défait son mentor en politique, maître Abdoulaye Wade, son prédécesseur à la tête de l’Etat du Sénégal.
Ce haut fait n’aura pas été le seul à figurer sur son tableau d’honneur ou de chasse, c’est selon. Jugez-en.

Appâtés, bien servis en strapontins et autres sinécures par respect du principe sacré du « Aller ensemble, gagner ensemble puis gouverner ensemble », théorisé par Macky Sall, lors de l’édification de la Coalition victorieuse des deux précédentes élections présidentielles de 2012 et 2019, BENNO BOKK YAKAAR, en l’occurrence, ses composantes essentielles que sont le Pari Socialiste (PS), l’Alliance pour la République (AFP) finissent , au bout de cette longue décennie par constater l’érosion sensible de leur poids électoral, alors que des crises internes proche du schisme s’y font jour.

Des alliés de moindre envergure de l’alliance de partis et coalitions au pouvoir connaissent mutatis mutandis les mêmes tares et soubresauts, leurs bases respectives ruant sur les brancards et vouant aux gémonies leurs leaders taxés de parvenus peu ou pas reconnaissants qui ont ravalés leurs idéaux et trahi leurs engagements en savourant avec leurs proches, les délices du pouvoir.

D’abord allié, puis opposant, puis rallié au régime du Président Sall, le Rewmi de Idrissa Seck, lui aussi servi, en sinécures et postes prestigieux a constaté, amer, que son ralliement lui aura coûté la perte substantielle de son électorat, de ses sympathisants, voire de pans entiers de son électorat qui a peu apprécié les retournements spectaculaires de leur leader et les choix peu probables de ceux qu’il a promus.

De deuxième dans l’ordre des trois premiers candidats à l’élection présidentielle, le REWMI qui s’est fondu dans la mouvance présidentielle s’est enfoncé dans le tunnel sombre des formations politiques en perte de vitesse.
Le bastion thiéssois du parti de Idrissa SECK, a été conquis lors des dernières élections locales, puis de celles législatives par la coalition Yewwi askan wi en tête des suffrages , inscrivant la « ville du refus », dans le lot des trophées de cette tempête politique poussée par une jeunesse contestataire et très combative entraînée par la formation politique ascendante qu’est le Pastef de Ousmane Sonko.

A ces fortes mutations politiques toutes invalidantes pour le pouvoir en place est venue s’ajouter l’affaire politico-judiciaire mettant en cause le même Ousmane Sonko, leader émergeant très incisif qui draine derrière lui une jeunesse ardente et exerce un leadership à présent incontesté au sein des forces politiques de l’opposition sénégalaise.

Les tragiques évènements de Mars 2021 attestent, s’il en était besoin du poids politique, autant que de l’influence sociale de ce jeune leader dont les coups de boutoir incisifs et l’aura suscitent une réelle inquiétude, voire plus auprès des cercles du pouvoir sénégalais et au-delà.

L’incertitude entretenue, dans un scénario lisible comme le nez au milieu du visage fait du troisième mandat ou plutôt de la troisième candidature, que convoite l’hôte du palais présidentiel la question qui fâche et dont la gestion et l’issue seront ou fatales ou signes de victoire pour le camp présidentiel.

Le tableau serait incomplet s’il ne comportait pas cette litanie de scandales et « affaires » réels ou supposés en matière de bonne gouvernance judiciaire et des deniers publics, mis en reliefs par des organes de contrôle ou de régulation et repris avec fracas par la presse et les réseaux sociaux, qui ont brisé les carcans du paysage médiatique. En un mot comme en mille, des fractures ouvertes affectent l’ossature pourtant solide de cet îlot démocratique sénégalais rendant incontournables des interrogations légitimes aux réponses desquelles devront s’attendre les acteurs en présence, le Président Macky Sall et ses alliés, l’opposition sénégalaise, le peuple sénégalais mais par extension aussi les observateurs et pays amis, voire la communauté régionale, puis internationale.

Au nombre ramené à quatre, elles sont articulées ainsi qu’il suit :

Vers le cap sur 2024, le Président Macky Sall ? ou Qui ? ou Quoi ?
Macky Sall-PDS, retrouvailles libérales ou choc des ambitions ?
Gare au réveil du PS, « Le lion qui dort » !
Ousmane Sonko, Aujourd’hui et demain ?